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NUCLEAR MOURNING

Like catastrophic global climate change, the nuclear age expands the circle of the “lost” objects to be mourned from the human to microbial, vegetal and animal ecosystems, clean water, soil and atmosphere, all the way to the ideas and beliefs in personal and national safety, self-suffi- ciency, and sovereignty.

Still, nuclear materials and effects are unique: at the extreme, they annihilate time itself. Their interference with the heterogeneous temporalities of living beings, communities, and environ- mental forces is derivative with regard to their negation of time. For instance, depleted urani- um has a half-life of 4.468 billion years, in the case of U-238, or 700 million years, in the case of U-235, which, to all intents and purposes, approaches an eternity.

Since the nuclear object does not pass away, refusing to become the past, it weighs heavily on the present it tears out of the order of time. With this, it is converted into a material embodi- ment of trauma, psychic as much as planetary, a statically traumatic present and presence that cannot be metabolized, “digested” so as to open up the future.

How does one mourn a loss that resists passing away, that repels the past and the future alike? Nuclear energy generation and the disasters associated with it, the liquid and solid residues of power plants’ “successful operations,” military testing of atomic weapons, and the consequenc- es of their deployment confront us with an object of mourning that, due to its mode of being and temporality, thwarts mourning’s work.

Tout comme le changement climatique mondial catastrophique, l'ère nucléaire élargit le cercle des objets "perdus" dont il faut faire le deuil, de l'être humain aux écosystèmes microbiens, végétaux et animaux, à la propreté de l'eau, du sol et de l'atmosphère, jusqu'aux idées et croyances en matière de sécurité personnelle et nationale, d'autosuffisance et de souveraineté.

Cependant, les matières et les effets nucléaires sont uniques : à l'extrême, ils annihilent le temps lui-même. Leur interférence avec les temporalités hétérogènes des êtres vivants, des communautés et des forces environnementales est dérivée de leur négation du temps. Par exemple, l'uranium appauvri a une demi-vie de 4,468 milliards d'années, dans le cas de l'U-238, ou de 700 millions d'années, dans le cas de l'U-235, ce qui, à toutes fins utiles, s'apparente à une éternité.

Comme l'objet nucléaire ne passe pas, refusant de devenir le passé, il pèse sur le présent qu'il arrache à l'ordre du temps. Il se transforme ainsi en une incarnation matérielle du traumatisme, psychique autant que planétaire, un présent et une présence statiquement traumatiques qui ne peuvent être métabolisés, "digérés" pour ouvrir l'avenir.

Comment faire le deuil d'une perte qui résiste à la disparition, qui repousse le passé et l'avenir ? La production d'énergie nucléaire et les catastrophes qui lui sont associées, les résidus liquides et solides des "opérations réussies" des centrales, les essais militaires d'armes atomiques et les conséquences de leur déploiement nous confrontent à un objet de deuil qui, par son mode d'être et sa temporalité, contrecarre le travail de deuil.