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STORMTAMER'S COLLECTION

COLLABORATION WITH YESENIA THIBAULT PICAZO

STORMTAMER’S COLLECTION

ongoing
installation

Twin appels, Brittany, XIX th centurr / Pommes jumelles, Bretagne, XIXème siècle

Twin appels, Brittany, XIX th centurr / Pommes jumelles, Bretagne, XIXème siècle

St. John's Wort, Germany, period unknown / Millepertuis, Allemagne, période non connue

St. John's Wort, Germany, period unknown / Millepertuis, Allemagne, période non connue

en cours
installation

 

Depuis la nuit des temps, des hommes et des femmes et même certains aigles blancs sont reconnus doués du pouvoir de contrôler les phénomènes météorologiques. Ces tempestarii furent vénérés, craints, parfois haïs pour les effets de leurs facultés occultes sur l’agriculture et les populations. On dit même que certains s’exilèrent dans les nuages pour échapper à la vengeance des vignerons qu’ils auraient ruinés. Alors que des ingénieurs contemporains prévoient de pouvoir détourner les ouragans, d’augmenter l’albédo de l’atmosphère ou de refroidir la planète, ce projet a pour intention de rassembler une large collection d’objets qui révèlent les tentatives d’apprivoiser le climat, à travers les époques et les continents.

Cette collection prend forme de manière évolutive par le biais d’appels à contribution au public, d’ateliers ainsi que de résidences qui invitent à s' interroger sur les croyances, pratiques et rites d’une région ou d’un pays autour d’un élément météorologique.

La première installation présente 112 objets rend compte de pratiques tentant d’amadouer, de calmer ou de lever les vents. Elle est présentée dans l’exposition Plein le vent, commissariat COAL, à la Halle aux Sucres de Dunkerque, France.

Since the dawn of time, men and women and even some white eagles are recognized as gifted with the ability to change the weather. These “tempestarii” or storm tamers were venerated, feared, sometimes hated for the consequences of their faculties on the land and the population. It is even said that some flee away in the clouds to escape the revenge of winemakers they had ruined. While contemporary engineers promise the diversion hurricanes, the cooling down of the planet or the increase of the atmosphere’s albedo, this project entails to form a large collection of objects and practices revealing attempts to tame the weather across time and continents.

This project is developed through calls to contribution to the public as well as region specific research highlighting experiments, beliefs and rituals around a meteorological phenomena key or predominant in the area.

The first installation of the Storm Tamer’s Collection presents 112 objects stemming from rituals, practices and superstitions to call or calm the wind. It is presented in PLEIN VENT, an exhibition curated by COAL, presented at La Halle aux Sucres, in Dunkerque (FR) until October 2020.


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Raven corpse
/ Cadavre de corbeau

Canada, period not known 

Ouest du Canada, période non connue

 

Quand un indien Haïda désirait un bon vent, il jeûnait, abattait un corbeau et le faisait roussir sur le feu. Il le passait quatre fois à la surface de l’eau dans le sens où il désirait que le vent souffle puis le plaçait au pied d’un sapin. Lui maintenant le bec ouvert avec un bâton, il demandait un vent propice pour un certain nombre de jours. Il s’éloignait alors et s’étendait par terre jusqu’à ce qu’un autre indien lui demande combien de jours venteux il avait désiré

When a Haida Indian wanted a good wind, he would fast, shoot a raven and make it scorch over the fire. He passed the surface of the water four times in the direction that he wanted the wind to blow and then placed him at the foot of a fir tree. Keeping his beak open with a stick, he asked for a suitable vent for a certain number of days. He then walked away and lay on the ground until another Indian asked him how many windy days he had wanted. 

J. G. FRAZER, The Magician King In Primitive Society - Robert Laffont, 1993


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THREE KNOTS ROPE
/ CORDE A TROIS N
ŒUDS

Northern Europe, unknown date

Europe du Nord/Manche, période non connue

 

From the edges of Northern Europe to the coasts of Normandy, witches used to sale to sailors a three knots magic rope. Undoing the first knot raised a gentle
breeze, the second a strong wind. Yet, it was strongly advised not to undo the third. One may then trigger a dramatic storm.
Some sailors still mention a “rope to turn the wind”. On the coast of the EnglishChannel they say the priest of Cancale owns one of them and, when the breeze does not blow as they please, they swear against him.

Des confins de l’Europe du Nord aux côtes Normandes, les sorcières vendaient aux marins une corde magique à trois nœuds. Défaire le premier soulevait une douce brise, le deuxième un vent fort. Il était fortement conseillé de ne pas défaire le troisième au risque de déclencher une tempête sans précédent. On parle encore sur nos côtes de la “corde à tourner le vent” : les marins de la Manche disent parfois que le curé de Cancale la possède et, lorsque la brise ne souffle pas à leur gré, ils jurent contre lui.

P. SEBILLOT, Le folklore de France - E.Guilemoto, 1904


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CRYSTAL BALL
/ BOULE DE CRYSTAL

Bay of Mor Braz, Brittany, 1947

Baie de Mor braz, Bretagne, 1947

 

As a storm rises, a young woman who remained on the isle of Belle-Île worries about her fiancé gone at sea fishing sardines. Her grandmother tells her about
times when wind whistlers were able to calm down storms. An old man on the island, Father Floch, is said to be one of those tempestaries. The girl goes to his
house and begs him for a last resort to his magic crystal ball.

Alors qu’une tempête se lève, une jeune femme restée à Belle-Ile s’inquiète pour son fiancé parti en mer pêcher la sardine. Sa grand-mère lui parle alors des temps jadis où les siffleurs de vent étaient capables de calmer les tempêtes. Un vieil homme de l’île, le père Floch, était dit-on l’un de ces tempestaires. La jeune fille se rend chez lui et le supplie d’avoir une dernière fois recours à sa boule de cristal magique.

J. EPSTEIN, Le Tempestaire - 23min, Film N&B, 1947


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stick & wind stone
/ bâton & pierre de vent

New Guinea, 19th century

Nouvelle-guinée, XIXème siècle

 

En Nouvelle-Guinée, il est courant de frapper avec un bâton sur une “pierre de vent”. Les coups devaient être légers, l’inverse pouvant provoquer un ouragan.

In New Guinea, it is common to hit a “wind stone” with a wooden stick. The hits had to be gentle otherwise they would cause a hurricane.

J. G. FRAZER, Le rameau d’or - Macmillan Publishers, 1890


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HORN
/ COR

France, Middle Age

France, Moyen-Age

 

In medieval literature, the storm is often associated with a horn. In Wonders of Rigomer, the sound of the horn makes fishes and w whales tremble, it triggers storms, draws clouds of snow and rain. The horn from
Aubéron was known to trigger the storm at the slightest touch. In the same way when Roland sounded horn, a terrible storm was unleashed over France, followed by hail, rain, wind, and even an earthquake.

Dans le roman médiéval, la tempête est souvent associée à un cor. Dans les Merveilles de Rigomer, le son du cor fait trembler les poissons et les baleines, déclenche l’orage, attire les nuages de neige et de pluie. Le cor d’Aubéron était connu pour déclencher la tempête au moindre contact. De même lorsque Roland sonnait du cor : un terrible orage se déchaînait sur la France ; grêle, pluie, vent, voire même tremblement de terre.

J. DUCOS & C. THOMASSET, Le temps qu’il fait au Moyen Âge, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1998


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COMPASS WHISTLE
/ BOUSSOLE SIFFLET

Great Britain, Period unknown

Grande-Bretagne, période inconnue

 

On dit que les sorcières anglaises pouvaient lever le vent en sifflant. Aux premières lueurs de l’aube, en se tenant face à un des points cardinaux, elles l’appelaient par trois longs et clairs sifflements.

It is said that English witches could blow the wind by whistling. At the first light of dawn, standing facing one of the cardinal points, they called out with three long, clear whistles.

Oral transmission


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SEEDS OFFERING
/ OFFRANDE DE GRAINES

Greece, Antiquity

Grèce, Antiquité

 

Corinthian peasants used to place food in front of their house to soothe the wind.

Les paysans corinthiens avaient coutume de placer de la nourriture devant leur maison pour apaiser le vent.

C. L. DANIELS, C. M. STEVANS, Encyclopedia of Superstitions, Folklore, and the Occult Sciences of the World - The Minerva Group, 2003


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DOG OVERBOARD
/ CHIEN PAR-DESSUS BORD

Great Britain, XIX century

Grande-Bretagne, XIX century

 

 

Facing a headwind, the sailors of a ship sailing from Liverpool was to conclud the captain's dog was the cause of the boat's delay. When the captain fell asleep, the sailors threw the dog overboard. It is said that the wind changed immediately.

Faisant face à un vent contraire, les marins d’un navire, qui allait de Liverpool en Australie, conclurent l’idée que le chien du capitaine était la cause du retard du bateau. Lorsque le capitaine s’endormit, les marins jetèrent le chien par dessus bord. Il est raconté que le vent changea immédiatement.

J.W. BUEL, Sea and land, Book on demand Ltd, 2014


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ROLLING UP PETITCOAT
/ REtrouser son jupon

Brittany, XXth century

Côte d’Armor, XXeme siècle

 

In Saint-Cast, the Nordée, northeast wind was threatened with a knife. One swore, showed their fists and more. A woman having exhausted all the methods to soothe the wind ended up rolling up her petticoat and showed her buttock. As a result the wind moved away.

A Saint-Cast, on menaçait le Nordée, le vent du Nord-Est d’un couteau. On jurait, on montrait le poing et même plus. Une femme ayant épuisé tous les procédés pour apaiser le vent finit par retrousser son jupon et lui montra son derrière, ce qui le fit reculer.

P. SEBILLOT, Le folklore de la France - Primento, 2015


La poétique collection du Tempestaire, 120 objets, corde à trois nœuds ou boussole-sifflet, patiemment rassemblés par les plasticiennes Anaïs Tondeur et Yesenia Thibault-Picazo, du collectif Chaoïde, rappellent la multiplicité des pratiques destinées à apprivoiser les souffles capricieux de par le monde. En Scandinavie, les sorcières emprisonnaient ainsi le vent dans des boîtes à n’entrouvrir qu’en cas de calme plat, tandis qu’en Nouvelle-Guinée, « qui frappait une pierre à vent avec un bâton, récoltait la tempête » .
— Charlotte Fauve