COLLABORATION with anthropologist GERMAIN MEULEMANS
HAUNTING EDGES
2017-18
Investigation
Photographies (42x65cm), sound and video installation
COLLABORATION avec l’anthropologue GERMAIN MEULEMANS
HANTER LES LISIERES
2017-18
Enquête
Photographies (42x65cm), installation vidéo et sonore
En 1934, l’ethnologue Claude Seignolle visite le plateau de Saclay. Il y observe de mystérieuses pratiques de sorcellerie parmi les bergers et fermiers du plateau. Pour lui, ces sorts jetés ne témoignent pas d’une survivance de temps anciens, mais sont une réaction face à l’urbanisation qui, déjà, se fait ressentir sur le plateau.
L’installation Hanter les lisières révèle un plateau de Saclay peuplé par les traces étranges de son passé. La tanaisie séchée – plante de sorcière – imprime sa présence odorante, pendant que des voix évoquent les formes de vies marginales et oubliées qui se sont déployées sur le plateau au cours des âges. Et si ces anciens habitants, dans leur relation si particulière aux plantes sauvages et aux marais qui couvraient jadis le plateau, nous permettaient de sentir autrement les transformations
aujourd’hui à l’œuvre sur ce territoire ?
In 1934, the ethnologist Claude Seignolle visited Saclay plateau, South of Paris. He observed mysterious witchcraft practices among shepherds and farmers of the plateau. For him, these cast spells did not do not testify to a survival of ancient times, but were a reaction to the urbanization that was already emerging.
The installation Haunted edges reveals a place populated by the mysterious remains of his past. Dried tansy - witch plant - prints its fragrant presence, while voices evoke the marginalized and forgotten forms of life that have unfolded on the plateau during ages. What if these ancient inhabitants, in their relationship to wild plants and the marshes which once covered the plateau, allowed us to feel differently the transformations today at work in this territory ?
Et si, au milieu des voix discordantes, on cherchait un autre chemin pour explorer le plateau ? Qu’aurait-on à apprendre du temps où ce lieu paraissait « inutile », et où en trouver les indices ? Si ces terres sont aujourd’hui connues pour leur grande fertilité, elles n’ont été longtemps qu’un vaste marais. Le saltus de Saclay, zone sauvage, ni champ, ni jardin.
A l’automne 2017, nous nous sommes lancés sur la piste du « spectre de l’étalement urbain » sur le plateau de Saclay. Arpentant les lisières, à la recherche des mares réfractaires et autres turbulences du paysage, nous avons cherché les plantes qui poussent inutiles, spontanées et ignorées, dans les marges du plateau.
Nous avons voulu nous rendre attentifs aux plantes, car elles donnent un aperçu du temps long des transformations écologiques passées et en devenir du plateau. Au cours de ces transformations, les plantes qui y poussaient ont aussi changé. Certaines ont été apportées par les cultivateurs, tandis que d’autres trouvèrent seules, à la lisière des champs défrichés, un milieu de croissance opportun. Certaines, enfin, celles-là mêmes qui permirent longtemps à des humains et des animaux de survivre sur le plateau, durent se retrancher dans des refuges plus reculés. Ainsi, les plantes elles aussi ont été attentives aux transformations du vieux saltus. Les marais de Saclay furent progressivement drainés, remembrés et aménagés à partir de la fin du moyen-âge. Seule une infime fraction des terres autrefois marécageuses du plateau a subsisté à ces réfections. Mais les lisières se souviennent encore. Quelques plantes attestent de ce passé, telles des rescapées orphelines de leurs cueilleurs.
What if, amidst discordant voices, we were looking for another way to explore the plateau ? What would we learn from the time when this place seemed "useless", and where to find clues ? If these lands are known today for their high fertility, they have long been nothing but a vast swamp. The saltus of Saclay, a wild area, no field, no garden.
In Autumn 2017, we engaged on the trail of the "urban sprawl ghost" on the Saclay plateau. Surveying the edges, looking for refractory ponds and other turbulences in the landscape, we looked for plants that grow useless, spontaneous and ignored, in the margins of the plateau.
We wanted to pay attention to plants, because they give access to the long time of past and future ecological transformations of the plateau. During these transformations, the plants which grew there were also subject of change. Some were brought in by growers, while others found a suitable growing ground on the edge of cleared fields. Some, finally, the very ones which long ago allowed humans and animals to survive on the plateau, had to take refuge in more remote refuges. So the plants as well have been attentive to the transformations of the old saltus. The Saclay marshes were gradually drained, repacked and developed from the end of the Middle Ages. Only a tiny fraction of the formerly marshy lands of the plateau have survived these changes. But the selvedges still remember. Some plants attest this past, like orphan survivors of their gatherers.